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La belle saison

La belle saison
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12 février 2017

"Le verbe lire ne supporte pas l'impératif"

Bell[1]

Duncan Grant, Interior with the Artist’s Daughter (oil on canvas, 1935)

 

Quel exercice difficile... Choisir 10 livres à partager ; je ne sais plus ce qu'elles ont suggéré, ceux qui ont le plus compté pour moi, ceux que je conseillerais pour une lecture aisée et distrayante, je ne sais plus... Cela m'a fait replonger dans le passé, j'ai balayé du regard une fois de plus les rayonnages de la bibliothèque. Qu'est-ce qui fait une bibliothèque? Les livres qu'on a aimés, ceux que l'on a pas lus jusqu'au bout, ceux que l'on a relus maintes fois, ceux dont on ne se résoud pas à  se débarrasser alors que bon, finalement, leur place est-elle si légitime que ça, et ceux qui ne vous appartiennent pas et qui par habitude sont restés là?

J'ai le souvenir d'une élève grande lectrice qui, vivant dans un tout petit espace, avait décidé de ne garder presque aucun des livres qu'elle avait lus. Je me souviens qu'apprenant cela, je l'ai enviée et plainte tout à la fois. Enviée, car les livres peuvent écraser de leur présence, ancrer dans le passé. Plainte, car quelle délicieuse promenade de revenir glaner dans la lecture d'une page prise au hasard quelques mots oubliés.

Voici donc sur le chemin de la promenade dix pavés ou petits cailloux sur lesquels s'arrêter, et dont je me souviens, précisement, quand et où je les ai lus... (Les astérisques indiquent qu'il y a eu une, voire deux, adaptations cinématographiques)

Belle du seigneur, Albert Cohen, 1983 *

Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1857 ** ( Et en plus : une interprétation en bande dessinée, Gemma Bovery, elle-même adaptée au cinéma)

Réparer les vivants, Maylis de Kérangal, 2015 *

Le chagrin, Lionel Duroy, 2011

Les armoires vides, Annie Ernaux, 1984

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson, 2010*

Leur histoire, Dominique Mainard, 2002 *(Sous le titre :  Les mots bleus)

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, 1897 *

L'élégance du hérisson, Muriel Barbery, 2006 *

Veuf, Jean-Louis Fournier 2011

 

Et parce que les livres sont comme les huîtres (dedans on y trouve des perles, et quand on en achète une douzaine le poissonnier nous en met 13) j'en ajoute un petit 11ème, à l'incipit duquel ce billet doit son titre...

Comme un Roman, Daniel Pennac, 1992, dont voici la quatrième de couverture, en guise de viatique :

 Les droits imprescriptibles du lecteur

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.
Merci à celles qui se reconnaîtront dans ce billet écrit tout exprès pour elles.

 

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25 février 2016

Ceci dit...

Ceci dit, au musée Jacquemart-André, lors de l'exposition sur les portraits à la cour des Medicis, ce que j'ai préféré, ce sont les détails. Comme toujours. (Et déambuler avec toi, par dessus tout.)

(Détails  : du portrait d'une jeune femme au reccueil de Pétrarque, Andrea del Sarto, vers 1528/ du portrait de chevalier de l'ordre de saint Michel, Maso da San Friano, vers 1560/ du portrait de Laura Battiffer, Bronzino vers 1555-1560)

 

Pour Th. En souvenir.

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24 février 2016

Sua cuique persona

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Anomalisa est-il un chef d'oeuvre? 

Un chef d'oeuvre de film d'animation, certes, si l'on sait que la scène d'amour, d'un magnifique réalisme, tendresse et désir mêlés, a pris 6 mois de tournage... 

Ensuite, je ne sais pas... Ces personnages humanoïdes au bas du visage amovible m'ont mise un tantinet mal à l'aise et supportent sur leurs épaules de la taille d'un pouce d'humain un discours ambitieux et alambiqué.

Mais ce qui est sûr , c'est que durant tout le film, je n'ai cessé de penser à ce tableau de La dame au voile, de Ridolfo del Ghirlandaio, vu il y a peu au Musée Jacquemart-André (un de mes lieux de prédilections parisiens...)

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et surtout à ça : 

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"La Dame au voile était autrefois dotée d’une tirella, que vous pouvez admirer en regard de ce tableau : cette « couverte » -sorte de couvercle amovible- était destinée à protéger la peinture, et devait être retirée pour pouvoir l’admirer. Dessus, des grotesques en faux relief à la mode florentine encadrent un cartouche antique, où figure une inscription en latin, qui se traduit par « À chacun son masque ». Une sorte d’avertissement pour le spectateur, car lorsque le couvercle était en place, le masque au centre de la composition venait se superposer presque trait pour trait sur le visage de la Monaca." 

 

Sua cuique persona, donc....

Persona, du verbe latin personare (per-sonare : « parler à travers »), était utilisé pour désigner le masque que portaient les acteurs de théâtre romains, afin que la voix porte.

Dans Anomalisa, il s'agit de masques et de voix. D'altérité et d'alter ego. D'âmes errantes et d'âmes soeurs.

Tous les personnages, qu'ils soient hommes ou femmes, ont la même voix : celle du protagoniste, Michael Stone. La seule voix féminine qu'il distingue de la sienne démultipliée à l'infini dans les êtres qu'il côtoie, et la seule que le spectateur puisse entendre durant tout le film, est celle de Lisa, dont le personnage tombe amoureux à la faveur d'une rencontre dans un hôtel. Cette voix distincte de la sienne semble la preuve de son état amoureux. Qu'est-ce qu'aimer? Est-ce entendre la voix de l'autre? Michael aspire à toujours entendre cette voix, en même temps qu'il semble lui même avoir perdu sa voie. 

Trouver sa voix, perdre la voix, retrouver sa voie et trouver dans la voix de Lisa une échappée belle. 

Anomalisa est un film très ambitieux, mais cela suffit-il?  A vous de le voir et de me faire entendre votre voix...

ANOMALISA - Trailer (2015) - Paramount Pictures

 

 

 

23 février 2016

J'aurais aimé la faire...

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Jacques Henri Lartigues aimait aussi les reflets et les ombres.

 

22 février 2016

Mésanges charbonnières et pinces hirondelles

Au fond du jardin, à droite, sur le fil à linge, les pinces à linge attendent le printemps, hirondelles domestiques. Les mésanges charbonnières masquées de noir épient le moindre petit moucheron rescapé de l'hiver. Bientôt le plaisir d'étendre la lessive dehors, laisser le vent, -et qui sait le soleil-, faire leur travail... il y aura aussi le cerisier en fleurs émouvant, le figuier de l'enfance, le magnolia souvenir de Shanghai, les groseillers et les cassis. Et dans les cafés, penser alors à prendre, telle une vieille dame, le sucre "pour la confiture".

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21 février 2016

Comme au grenier

Accumulations sens dessus-dessous dans des vitrines de beaux magasins.

De l'art du désordre magnifique.

Du grenier comme d'un inconscient.

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New-York, 5th Avenue

 

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 Anvers, Drukkerijstraat

20 février 2016

La madeleine de Proust avait-elle une bosse?

Il y a quelques jours, m'efforçant comme je fais une fois tous les deux ans de ranger le grenier, j'ai trouvé au fond d'un carton les carnets où j'avais, certains soirs de désolation, tenté de relater mon adolescence. Après une petite hésitation, je les ai ouverts, j'ai commencé à relire. Proust ne dit pas que le thé où il trempait sa madeleine était trop chaud et lui a brûlé la langue, ni qu'il a trébuché sur les pavés inégaux et s'est fait une entorse : je fondis en larmes.

Jacqueline Harpman, Le véritable amour, 2003.

C'est bien joli d'honorer par des larmes ceux et celles que nous fûmes en leur temps. L'écriture intime comme une création, non d'une oeuvre littéraire, mais d'un contour de soi-même : j'écris dans ce carnet pour mieux me contourner.                      

 

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19 février 2016

Invitation

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Sous la pluie battante, cette invitation à dîner. Un tête à tête de plus nous avait conduits dans le lieu de la jeunesse, où trois souvenirs de sa jeunesse s'étaient emmêlés dans l'écheveau complexe et lumineux de la mélancolie. 

Reste à savoir si l'on trace

Un trait, un point dans notre espace

Si j''ai pas toute ma raison

Si j'ai toujours raison 

 

LOUISE ATTAQUE - Ton invitation -

 

18 février 2016

Retrouvailles

Il y eut quelques années d'absence et de silence, mais tout était resté en l'état. Et comme par magie, au gré de la recherche d'une photo d'Amsterdam,  la lumière s'est rallumée. 

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Anvers, février 2016

Pour Th., peut-être parce que tout cela t'était en réalité destiné.

Nice things are coming soon, tu sais...

22 janvier 2013

50 ans

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