Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La belle saison
La belle saison
Publicité
Archives
11 novembre 2008

La tranchée d'en face

Long_dimanche_de_fiancailles_2003_1

Si, en ce 11 novembre, il vous prenait l'envie de revoir Un long dimanche de fiançailles, le film sépia de Jean-Pierre Jeunet, pourquoi ne pas vous plonger dans la lecture du roman éponyme de Sébastien Japrisot?

Vous y apprendrez que "c'est vrai que Mathilde n'est pas laide. Enfin, elle trouve. Elle a de grands yeux verts ou gris, selon le temps, comme sa mère. Elle a un petit nez droit, de long cheveux chatain clair."

Vous y lirez qu'en fait elle passe ses étés sur la côte basque, Capbreton (étrangement orthographié Cap-breton), Dax, Hossegor, et que Manech signifie Jean en basque, "mais s'écrit Manex. C'est volontairement que Manech faisait la faute, et Mathilde aussi." Que ce détail est important dans le roman.

Si vous préférez vous laisser conter l'histoire, remettez-vous en à ce livre lu :

LIV3305

Cependant, si vous aimez les lectures un peu plus secrètes, moins galvaudées, voire sucrées par l'imaginaire anachronique et fantaisiste (charmant, du reste) de Jeunet, c'est vers La guerre, l'Amérique, de Claire Delannoy, Goncourt du premier roman en 2003, qu'il faut vous tourner. Vous y retrouverez le sud de la France, l'évocation d'une enfance, d'étés caniculaires, à l'ombre d'un grand-père aveugle, dont l'oeil de verre dort la nuit dans un bol en faïence.

bol

"Il est là dans son eau à attendre qu'il s'en saisisse, pour l'essuyer tendrement et le réintégrer à sa place, au dessus du nez et plus à droite. C'est une joie formidable que de le voir revenu là où sont tous les yeux, même si elle sait que c'est un oeil de verre, pas un vrai oeil qui va la regarder en plissant d'un sourire. Mais l'oeil de son grand-père est plus que ça, il a un pouvoir que n'ont pas les autres yeux. Les autres ne font que regarder à la surface des choses parce qu'ils ne s'enlèvent pas. L'oeil de son grand-père quand il patiente dans la nuit du bol accumule un vrai désir. Quand il retourne dans son orbite, il inaugure un nouveau monde, sa force vient de son attente. Plus grande, c'est ce qui la comble. Quand l'oeil, après la minutieuse opération de son lever, retrouve sa place. Le monde est à l'endroit, par cet acte son grand-père l'annonce, hacun peut désormais vaquer à ces occupations. (...)

Son grand père est aveugle. Il avait dix-neuf ans quand l'obus l'a touché. Il a perdu les deux yeux et une main et ne parle jamais de la guerre. De cette guerre 14-18 il ne dit rien et de la guerre il dit sobrement, c'est la plus grande connerie." 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ah, mais vous m'intriguez avec cette histoire de Manex...! J'ai ma petite idée sur ce "détail", mais... peut-être est-il préférable de lire le livre.
Publicité