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La belle saison
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9 septembre 2009

Madame Beckius peint. Première séance de pose.

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"L'une des principales pièces à convictions de mon enfance est évidemment mon portrait à l'âge de neuf ans par Madame Ratel. En 1974, mon père lui commanda une aquarelle de chacun de ses deux fils. Puisqu'il nous voyait moins souvent, c'était le moyen qu'il avait trouvé pour continuer de nous avoir un peu sous ses yeux. Plusieurs jeudis après-midi, ma mère nous a donc conduits en voiture chez Nicole Ratel, rue Jean-Mermoz, pour poser devant son chevalet et ses pinceaux, assis sur des tabourets, dans un grand appartement sombre et décoré de toiles d'araignées. Elle nous servait des biscuits mous dans une boîte carrée en fer-blanc et du coca sans bulles. Les séances de pose étaient longues et pénibles; elle commença par des esquisses crayonnées, puis ajouta les couleurs petit à petit, et son verre d'eau progressivement devenait marron comme du café froid."

Frédéric Beigbeder, Un roman français, Grasset 2009

Chez nous, c'est Madame Backius qui fera le portrait d'E., neuf ans, 35 ans après avoir fait celui de son père au même âge. Ce ne sera pas une aquarelle, mais une huile; et pour faire connaissance avec son modèle, c'est avec une sanguine que tout a commencé...

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Certes les séances de pose sont longues. Pénibles aussi, peut-être. Mais ici adoucies par la lecture à voix haute faite au petit modèle d'un roman dont je ne saurais recommander la lecture aux âmes sensibles : L'amulette de Samarcande, premier opus de la Trilogie de Bartiméus, de Jonathan Stroud.

"Sous le regard attentif du maître, l'enfant gagna la porte en question, dont le bois sombre et nu laissait voir de multiples noeuds et aspérités. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois pour tourner le gros bouton en cuivre, dont il trouva pourtant le contact frais très agréable. le battant pivota sans bruit sur ses gonds bien huilés et l'enfant se retrouva en haut d'un escalier recouvert d'un tapis. Les murs étaient tendus d'un élégant papier peint à fleur. A mi-hauteur, une lucarne laissait pénétrer un flot de lumière accueillant.

Il descendit les marches une à une, prudent. Le calme et la clarté du jour apaisaient ses craintes. N'étant jamais allé aussi loin, il ne pouvait se fonder que sur les histoires entendues quand il était tout petit pour se faire une idée plus précise de ce qui l'attendait dans le bureau de son maître. D'épouvantables images de crocodiles empaillés et de globes oculaires en bocaux s'imposèrent à son esprit dans toute leur horreur. Il les chassa avec emportement. Il refusait d'avoir peur."

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Commentaires
P
quel délicat portrait!<br /> c'est bête, mais ce sont les "gâteaux mous" qui éveillent en moi le plus de choses...j'adore les gâteaux mous, je n'hésite pas à laisser ouverts les paquets de biscuits secs pour qu'ils ramollissent, comme dans la boite de ma grand-mère, rangés dans son immense armoire... c'est ma madeleine...
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